L'HISTOIRE DU CENTRE DE VOL A VOILE DE LA MONTAGNE NOIREDécouverte et 1er vol"...cherchez une ligne continue de collines, bien dégagée, sans pente raide et orientée vers les vents réguliers..." Voici la phrase de Kronfeld que s'est rappelée Jean Thomas, quand, durant le printemps 1932, il a découvert cette plateforme dominant le lac de ST Férréol, qu'est devenue le Centre. Le carnet de vol de Thomas mentionne : "...1932, 6 juin. Sulky. vent nord-ouest 3 mètres/seconde. vol plané. sandow. durée 6mn 15s. Montagne Noire..." L'atterrissage ce fit dans un jardin potager de Vaudreuille. 1er Record"...le 19 octobre 1932, Garrigue (codécouvreur du centre), lancé à 11h32 se posait à 13h02 après un vol d'une heure trente minutes. Il avait atterri volontairement pour permettre à Thomas de repartir. Celui-ci décolle à 14h et retouche le sol à 17h25 à la nuit tombante. Il avait effectué un vol de trois heures vingt cinq minutes..." Premier coup durDebut juin 1934, le planeur "Condor" sort de l'usine. Après un vol d'essai réalisé par Thomas à Francazal, lancé au treuil, il est amené à la Montagne. Le 27 juin, il est mis en piste pour sa première sortie au centre. Thomas s'installe posément aux commandes, boucle sa ceinture, ferme le cockpit. Devant lui le sandow se tend, de plus en plus se tend. Mais la force de traction devient telle que le largage s'avère trop tardif. Propulsé voilemment en "chandelle", le grand voilier décroche à quelques mètres et c'est l'écrasement. Thomas ne reviendra que le 15 février 1935 et le 4 juillet, il bat le record de France de distance avec 33km 300m sur "Avia40p". Centre Régional NormalL'ingénieur Castello, ayant constaté que l'aile du Condor n'avait subi aucun dégat, la fit scinder et relier de part et d'autre d'un plan central. Ainsi naquit le "Castel-24", premier bi-place école de la Montagne Noire.
En octobre 1938 Thomas est officiellement nommé Directeur du Centre Régional Normal. La Montagne Noire devient, ainsi, l'un des trois centres régionaux à fonctionnement permanent.
Le centre National
Vient le grand jour! Tant souhaité par les pionniers, l'élévation de la Montagne Noire au rang de Centre National s'accomplit enfin le 16 avril 1941. Un vol inaugural est réalisé par l'équipage Nessler-Borotra de 24 minutes. 1942 Record du monde18 juin 12h20 - 20 juin 2H26"...Cela semblait une baisse momentanée du vent : je voulais donc faire tenir l'appareil sur l'un des endroits que je connaissais, un petit vallon au long du quel s'écoule les derniers ruisseaux d'air quand le vent disparaît. C'était en face des bâtiments du Centre, plus bas que ceux-ci, sur un parcours de cent mètres que pendant une heure, je m'efforcais de tenir en ce seul lieu favorable, par des évolutions au ras de la pente. Charles Boissonade cite l'anecdote suivante : "...Un cierge pour un record ! Eric Nessler, lors d'une précédente tentative contre le record du monde de durée, s'était plaint du froid dans le cockpit du Spalinger la nuit, de plus il ne voyait pas les "pendules". J'obtins de la mairie de Castelnaudary un "bon-matière" pour un paquet de bougies, denrée sévèrement contingentées alors. Pas de bougies à Castelnaudary ni à Carcassonne. Un ami me fit connaître le curée de Carcassonne qui voulut bien échanger mon bon contre un cierge, lequel - coupé en tronçons - facilita la tentative victorieuse de Nessler..." le redémarrageEn septembre 1944, le commissaire de la République à Toulouse confie à Jean Thomas la réorganisation du Centre. Le grand pionnier étant "rentré dans le rang", la réouverture officielle aux activités vélivoles se fait sous la direction de Jean Noirtin, nommé chef de Centre. "...Pendant des années, Noirtin avait sa turne dans le bâtiment en bois, véritable balcon sur la plaine : 1 mètre 80 de large, 3 mètres de long, lit Picot enchâssé dans tout le reste. Lorsqu'il dut la quitter pour cause de démolition, on retrouva son vélo qu'il recherchait depuis...des années!..." J. AubriotLe 16 août 1945, Jacques Aubriot prend la direction des Ateliers du Centre. Lors d'une réunion le matin même, avec le chef de Centre Noirtin, la décision est prise d'installer un atelier provisoire de réparation des planeurs dans la barque Adrian en attendant mieux. En ce temps là, à l'atterrissage d'un stagiaire, le moniteur demandait : "...Pendant combien de temps as tu volé ?...". A présent la question posée est tout autre, dans le droit fil du progrès : "...où es tu allé ?...". L'ére du remorquéLe registre des vols fait mention, à la date de 25 mars 1946, d'un "vol remorqué" suivi d'un "vol libre" accomplis par De Lasageas et Colin sur C-800. Pour maîtriser l'innovation, Louis Valette assure le convoyage en remorqué d'un C-310p depuis Aix-en-Provence ce même jour. Les premiers avions remorqueurs utilisés à la Montagne Noire seront le Fieseler "Storch", puis sa version "Morane-Saulnier M.S.502" à structure alaire métallique et moteur Salmson 230 CV en étoile. Le spectacle de la grande "cigogne" trainant un C-800 au bout de sa "ficelle" va vite devenir familier. Les 20 et 21 avril, Ambrosi et Lemaire sillonnent la "douce France" en "PM200", remorqués sur le parcours : M.N., Bergerac, Tours, Toussus-le-noble, Beynes-Thiverval et retour par Montauban et Toulouse. chacun son ondeVoici que s'opère, le 5 février 1947, le franchissement d'un seuil primordial : avec le "Minimoa" du Centre, Michel Ambrosi monte à 3000 m au cours d'un vol d'onde de 2 h 52 mn après avoir été remorqué trois minutes. Renouvelant aussitôt la performance, De Lasageas part au treuil sur le même planneur et vole 5 h dans l'onde atteignant 2800 m. Le 30 mai 1946, Jean Noirtin décolle de la Montagne Noire sur le planeur Nord 2000. Spiralant en direction du sud-est, il n'est bientôt plus qu'un point minuscule dans l'immensité. A 16h20, ayant épuisé les ressources de l'aérologie du littoral, il décide de se poser sur la plage d'Agde et Sète. C'était sans miser sur la force du vent de noroît... Fortement déporté en dernier virage, l'appareil ne peut atteindre le rivage et il touche l'eau, dans un froid jaillissement irisé. Géné par ses ceintures et vêtements de vol, Noirtin essaie de se dévêtir pour rentrer à la nage, alors que le planeur poussé au large commence à s'enfoncer dans la mer.
Et le livre d'or d'ironiser : "Moïse sauvé des eaux!" l'internationaleLe 30 juin 1948, légèrement vétu, Robert Delhoume, décolle au treuil de la M.N., à bord du planeur Nord 2000, à 14h07, pour un simple entraînement. Ce jour-là souffle en assez fort vent de nord-ouest, de sorte de Delhoume - se prenant vite au jeu - se met à exploiter les thermiques en direction du mont Alaric et du col du Perthus. Vite perdu de vue à la Bosse, il pressent l'incroyable opportunité qui s'offre à lui de franchir le col et d'aller, pour la première fois au monde, se poser en planeur en Espagne. Sa décision prise, Delhoume n'hésite pas. Jetant sur le plateau du destin tout son savoir de pilote, il affronte hardiment, au-delà de l'énorme chaîne tourmentée, les redoutables rabattants qui l'attendent, il le sait, à la sortie du Perthus. Et il gagne! A 16h45 il atterrit à Figueras et la suite, Aubriot nous la conte : "...La police franquiste s'inquiète vivement de cette présence insolite, mais Delhoume demande qu'on veuille bien téléphoner au Colonel commandant le centre espagnol de vol à voile de Huesca, à 60 km au nord-ouest de Saragosse. La réponse est immédiate et chaleureuse : "logez le Français dans le meilleur hôtel de Figueras et donnez-lui la liaison avec son port d'attache". S'y ajoutaient les félicitations du chef de centre. C'est ainsi que très rapidement le Centre de la Montagne Noire fut prévenu de l'atterrissage de Delhoume et de sa position, ce qui permit le dépannage dès le lendemain..." les mots du Livre d'Or et d'ailleurs"La Montagne Noire sans Autan serait la Terre sans Satan." "C'est d'excès de politesse que naît la perte de vitesse..." "La pente portait tellement qu'une vache volait." "...Premier stage : craignant un vol sinusoïdal, son président vole sur planeur équipé d'une éclisse, après avoir trouvé le pas de sa porte plus moelleux que son lit." "Cher monsieur, nous nous connaissons depuis dix minutes et déjà vous me traitez de bougre de con. C'est merveilleux!" "A présenté de près et sous tous les angles son Emouchet à tous les stagiaires de la promo." "étude de virages en ligne droite;" "A mis des gants le jour où il a poussé un planeur." Au contact de la nature, les vélivoles acquièrent la vertu de patience s'ils ne font chanceler leur propre vertu, du moins selon l'affirmation d'un fermier au pilote posé dans son champ : "...Ah vous êt's aviateux! Les aviateux, mon gars, c'est tous des menteux, des voleux et des baiseux d'filles" (sic). "Cré nom,j'vast'y pas bentôt voler sû aut'chose que c'putain d'310?"
Boucle involontaireLa "promo des Pompiers" de 1950 restera dans quelques mémoires celle d'une spectaculaire figure de voltige en "Emouchet". C'était au soir d'un "jour à 5 heures". Dans l'air calme de la restitution thermique, une vingtaine de planeurs à la queue le leu glissent lentement sur le miroir d'un invisible lac. Parfois l'un d'eux, pris dans le faisceau lumineux émis du sol pour lui signifier la fin du vol, se sépare du groupe et commence sa descente vers le panneau d'affichage. Parmi les candidats au barogramme de durée du D, Viviane Theilacker, toute gelée dans son poste de pilotage, reçoit en plein visage le rayon et, pour mieux lire le panneau, ouvre les aéro-freins après s'être assurée d'un coup d'oeil que le ciel est libre autour d'elle. L'appareil s'enfonce, quand soudain ... Viviane était à cent lieues d'imaginer qu'un de ses copains de promotion, l'ingénieur Poupardin, désireux de consulter les numéros affichés au sol, volait à cet instant au dessous d'elle et sur sa gauche, sous un angle tel qu'ils ne pouvaient s'apercevoir mutuellement, elle à cause de son fuselage, lui du fait de son aile. Et c'est le grand "crac"! L'extrémité de l'aile gauche de Viviane heurte violemment le sommet du gouvernail de direction de Poupardin. Et là, il se passe quelque chose d'incroyable : l'Emouchet de Poupardin, basculé vers le haut, se met à tourner un looping apparemment correct autour de l'aile de Viviane, puis il se stabilise, comme en s'ébrouant, à une hauteur d'environ 100 mètres.
20 ansEn 1952, M. Jean Gourbeyre, chef pilote à la Montagne Noire est appelé à d'autres fonctions. Ainsi, pendant un peu plus de dix années, Gourbeyre aura marqué de son sceau l'évolution pédagogique de la Montagne. Son "Cours de Pilotage Elémentaire", illustré par Brault, fait école. Fruit de l'expérience et de la science, il débute par une sage remarque : vers 100 heures, le pilote croit tout savoir; vers 300 heures, il est sûr de tout savoir; vers 1000 heures, il se rend compte qu'il ne saura jamais tout. Deux faits intéressants se situent entre le 5 mai et le 27 juin : Guy de LasageasAprès quelques années passées au Centre puis un départ vers d'autres responsabilités, M. Guy De Lasageas revient le 1er juillet 1956 comme Chef de Centre. "... Le 5 août 1941, je débarquais en gare de Castenaudary. Sans explications, je fus convié à prendre place dans une 19CV ford à gazogène qui devait m'emmener à la Montagne Noire. Pendant longtemps, j'ai été stupéfait de constater que les condidats stagiaires débarquant à Castelnaudary étaient instantanément reconnus comme tels par le préposé à les prendre en charge. Ce n'est que lorsque moi-même ai été parfois amené à assurer ce service que j'ai compris qu'à l'attitude des stagiaires ayant déjà le complexe 'élève', à leur façon de s'habiller, à leur regard interrogateur et peut-être aussi à cette sorte d'aura qui entoure les gens pratiquant le sport de l'air, on ne pouvait se tromper sur leur identité. Même Wolf, le chien-loup du Centre, savait les distinguer. La Ford qui me trimbalait vers la M.N. était tout un poème. On s'y entassait à 12, parfois à 15, ce qui faisait dire à M Batz, son chauffeur habituel : "...quinze places face à la route..." car la route, on ne la voyait généralement pas, entassés comme on l'était dans ce malheureux véhicule. Mon étonnement et mon admiration augmentaient au fur et à mesure que nous gravissions les lacets qui mènent au Centre. Je ne pouvais imaginer qu'il pût y avoir un aérodrome sur ce relief tourmenté et j'admirais l'extraordinaire panorama qui se présentait à moi. Du Canigou jusqu'au Sidobre, sur 300 degrés, la campagne parsemée de petits pitons couronnés de villages, la montagne en fond de décor s'étalait devant moi dans toute sa splendeur. Les croupes ondulantes de la M.N. dorées par les "agadéous" en fleurs me paraissaient génératrices de calme, de tranquilité. Ce n'était pas toujours le cas, comme je pus je constater par la suite. Mon premier contact avec le personnel du Centre m'inspira beaucoup d'inquiétude pour la suite de mon stage. Tout d'abord l'examen médical : invité à me déshabiller complètement, je fus placé à 3 mètres d'un journal étalé sur le mur et, devant mon incapacité à en lire le texte, le médecin (celui qui en faisait fonction) parut très contrarié et, mettant ma mauvaise vue sur le compte de la nocivité des cigarettes, me demanda de lui remettre ma carte de tabac. L'instructeur technique M. Fauvel, que je connaissais bien, me posa avec une froideur glacée des problèmes d'algèbre que je ne pus résoudre. Cela commençait mal. Quant au chef-pilote, devant mes carnets de vol ne mentionnant aucun vol sur planeur, il me précisa que le résultat du stage serait très dur... M. du Chesne était chef de centre. C'était un ami et j'étais un peu surpris de ne pas le rencontrer. il ne me reçut que le lendemain et ce n'est qu'à ce moment-là que je repris ma tranquilité d'esprit. Le stage, qui durait 2 mois, se déroula sans incidents ni faits notoires à rapporter. Je fus toutefois étonné de l'absence totale, à cette époque, d'instructeurs en vol. Le "...faites comme moi..." était la seule formation pédagogique et, par exemple, pour un pilote d'avion, la montée au treuil sous un angle avoisinant 45 degrès laissait perplexe... Par contre, l'instructeur technique M. Cabanes était remarquable dans ses exposés et d'une patience à toute épreuve..." Monsieur De Lasageas vient de vous faire le récit de son arrivée au centre. Une première, deux dernièresLe 13 juillet 1956, Ségui tractant avec le Stampe "Victor Delta" le planeur Nord-2000 piloté par Denise Foissac, ramène au sol - pour la première fois à la Montagne - les deux appareils reliés par le câble (dont Denise effectue le largage à l'impact). 1957, le beau Minimoa "Echo Sierra" est "schnerbé" dans les arbres de Puivert. Le 18 juillet, aux commandes d'un planeur Nord-2000, le "Père de la Montagne Noire", Jean Thomas accomplit un dernier vol sur la pente qu'il découvrit en 1932. Le vol moderneEn avril 1959, à Puivert, De Lasageas innove à nouveau : mettant à profit la récente affectation au Centre d'un biplace Bréguet-904 (20m d'envergure, 33 de finesse à 82km/h, équipé de ballasts), il prend à bord Gérard Alran et se fait remorquer par Ségui en direction du mont pyrénéen Saint-Barthélémy : l'idée nouvelle est d'enseigner aux stagiaires de bon niveau, à sortir du tour de piste pour accomplir des circuits sur la campagne, en tenant compte de l'effet du vent sur le planeur dans chacune des branches du parcours, des espaces aériens perméables, des fréquences radio d'organismes pouvant être contactés, etc. Une pédagogie rendue possible par le progrès : la science du vol s'oriente vers le gain de temps, partant du principe qu'une charge alaire importante permet d'aller rapidement d'une ascendance à une autre. Plus généralement, on ne va plus spiraler dans toutes les cheminées d'air chaud jalonnant un parcours et, une fois parvenu au sommet d'une bonne ascendance, on en négligera une ou plusieurs autres pour aller directement dans une énième et ainsi de suite jusqu'au point de destination. Mais pour ce faire, il faut aller vite en perdant le moins possible de hauteur dans les zones neutres ou descendantes : d'où l'utilité d'un planeur "fin" artificiellement alourdi d'un liquide dont le pilote peut délester les ballast à volonté... Lorsqu'il se pose à Puivert, le 904 a parcouru 70 km et relié le Saint-Barthélémy au pic d'Hourtizet.
Un porte-avionsRobert Trudgett "vache" son Bréguet-901 le 12 avril 1960. Dernier Virage. Aéro-freins. 120 au badin et première surprise : à l'entrée du pré, un talus à paroi verticale. Un véritable port-avions. Le supplice s'aggrave du fait que Trudgett voit devant lui, à 200 m environ, la pointe d'un clocher de village, mais qu'il est 12 h 30, heure du déjeûner des habitants. il a des crampes dans les doigts à force de freiner, en a "plein le dos", voudrait bien sortir de ce planeur. Mais il faut tenir! "Un quart d'heure passe... et un grésillement me fait sursauter, puis plus nettement j'entends à la radio la voix du "patron" en provenance du Storch qui vient de prendre l'air (...)(avec à bord Aubriot et Aline, annonçant qu'ils se dirigent vers le mont Tauch)(...). Je le dirige et le guide sur moi. L'équipage tout à coup m'aperçoit. Je suis soulagé. Deux ou trois minutes de patience et le Storch est là. Il fait un passage vent arrière à quelques mètres au dessus de moi, puis c'est le silence. Quelques minutes et... encore le silence. Je suis très inquiet. Que se passe-t-il? Sans pouvoir tourner la tête pour voir, je me défends de penser à l'accident toujours possible. Non, le "patron" est un as, il piloterait le Storch les yeux bandés! Tout de mème, il doit se passer quelque chose d'insolite. Et bien oui, l'insolite est là, au bout de mon aile... Aline est là, couchée sur l'extrémité du plan. Elle me fait un grand sourire (...). Le Storch, que je n'avais toujours pas vu, passe à deux mètres de nous et à 10 km/h sol. Il est pratiquement en vol stationnaire! Je suis médusé. Il avance doucement et passe à la verticle du hameau. (...) Cinq minutes après arrive la totalité, je dis bien le to-ta-li-té des habitants du lieu... les pépés, les mémés, les enfants de tous âges, le maire et ses adjoints au grand complet (en tout les 20 habitants du hameau de Salza, à 5 km de Mouthoumet). Ils nous entourent, ouvrent des yeux grands comme des soucoupes... Un planeur, du jamais vu!" "Suivent le démontage du 901, la mise des ailes à l'abri du vent et une réception "royale" chez M. le Maire : "nous voilà attablés tous les trois, Aline, Jacques et moi. Autour de la table, la moitié du village nous regarde manger. Café, pousse-café... Il faut leur raconter le pourquoi et le comment de cet atterrissage forcé (...)." "Mais que s'est-il donc passé après le passage du Storch et pendant le long silence ? Eh bien, c'est Jacques et Aline et, plus tard, le "patron" qui me l'ont raconté. Voici : Le "patron" a amené le Storch entre la ravine et le Bréguet; il a effectué un vol stationnaire à un mètre du sol et Jacques et Aline ont sauté de l'avion en se faufilant par une glace latérale coulissante de la cabine, car il était impossible d'ouvrir la porte en vol. Le Storch n'a absolument pas touché des roues... Je crois que ce fait restera un cas rarissime dans les annales de l'aviation." Sur la feuille de vol, il y a simplement : "M.N.-Pic de Nore-Carcassonne".
Records et championnats14 juin 1960 : Aline Degeorge, après largage au dessus des Cammazes, met la cap sur Auch. Son projet, annoncé à l'avance, est de tenter avec le planeur Javelot n°9 l'épreuve de distance du certificat "E" à insigne d'or, avec pour but fixé l'aérodrome de Lézignan-Corbières. Pour ce faire, elle va d'abord virer à la verticale du terrain d'Auch tout en le photographiant conformément au règlement, puis elle se dirige - presque au cap inverse- vers Lézignan qu'elle parvient à atteindre au bout de 7h 33mn de vol. A cette jeune fille aussi charmante que dévouée, pilote des plus doués, revient donc l'honneur d'avoir effectué les premiers "300 km B.F." au départ de la Montagne Noire. 1961 deux records de France homologués à l'actif de JP Wiess et R Siaudeau en biplace Bréguet-904: Le championnat de France de Vol à Voile est préparé du 4 au 18 juin et disputé du 19 au 30 juin 1961 à la Montagne Noire. 30 ansDu livre d'or, en cette année 1962 : De l'éloquence de la feuille de vol : Ce que Dominique Gouzy, dont la carrière aéronautique est des plus remarquables (deux fois championne de France de Vol à Voile, Championne de France amateur de Voltige aérienne en avion, parachutiste, pilote de ligne) considère comme important ? Lisez bien :
HOMMAGELe 4 mai 1964, c'est lundi, Edwige Bonis-Charancle va effectuer avec René Ségui le premier vol du stage sur le Bijave n°51. Une minute après ... La feuille de vol mentionne : "4 mai 1964. BCVY Martinaud. Zéro heure 10 minutes. Bijave 51. Mme Bonis, Ségui. Une minute. Accident++ Moniteur et élève sont tués sur le coup. Rupture d'une pièce de l'aile droite du Bijave.
Adieu le treuil, on t'aimait bien tu sais ...La verve médiévale d'un stagiaire : Opération ColombeDu 6 au 24 novembre 1967, le Centre National - dans le cadre d'une campagne de recherche organisée par la Météorologie Nationale et le Centre National de la recherche scientifique (C.N.R.S.) appelée "Opération Colombe" - a détaché pilotes et matériel volant, personnel et matériel au sol sur l'aérodrome de La Llagone dans les Pyrénées orientales, en vue d'une étude des mouvements verticaux de la basse atmosphère (qui va de zéro à 8000 mètres d'altitude). Denise Cruette-Foissac a participé à cette action scientifique consistant notamment à établir des coupes d'atmosphère avec détermination de longueurs d'onde, de Vz etc. A ce titre, les planeurs de la Montagne Noire ont effectué 41h 57mn de vol expérimental dans le secteur de Mont-Louis. Les avions du Centre ont dans le même temps accompli 40h 19mn. Voici quelques mentions portées sur les feuilles de l'opération : "Mesures polaires", "essai répondeur", "photos", "essai 113,1", "panne oxygène poste arrière Bijave Mike Echo", "panne émission V.H.F", "essai répondeur radar", "polaire 2.815", "essai radio à répondeur", "sondage", "coupe fictive à 2 planeurs en remorqué". ConversationDes choses amusantes en cette année 1970 Ce dialogue entre la tour de contrôle et le pilote H..., par exemple :
L'exercice 1970 s'arrête au résultat que voici : vol à voile : 7.624 heures 23 minutes, vol moteur : 2.532 heures 20 minutes, soit un total de 10.156 heures 43 minutes de vol. Le cap de 10.000 heures est, pour la première fois, franchi !
retraitesLe livre d'Or célèbre les 10.000 heures de vol de Rémi Martinaud, admis à faire valoir son droit à la retraite. "...Quand le Dahu se retire..."; un grand serviteur des ailes françaises quitte le scène. Son dernier vol professionnel figure sur le registre du Centre, à la date du vendredi 1er octobre 1971 : 1h 16mn au poste moniteur du 904 "Fox Zoulou", avec l'élève Van Haecke. Quelle sulfureuse exhalaison émane-t-il du Livre en fin de ce stage ? Le 23, a lieu au Centre une "réunion amicale à l'occasion du départ à la retraite de Monsieur Guy De Lasageas, sous la présidence de Monsieur Jean Poirier, Inspecteur Général de l'Aviation Civile." Un livre d'Or couvert de signatures sur 3 pages, assorties d'un portrait du "patron" par Louis Passerieux sont, plus encore qu'un juste et haut éloge, l'émouvant témoignage d'un gratitude unanime. Exceptionnel, l'homme fait l'institution : passé l'homme, l'institution demeure. Ainsi son oeuvre va survivre à Guy De Lasageas, d'abord portée par René Rémande.
adieu René, bienvenue RenéLe 11 octobre 1972, à 8h 10, le téléphone retenti dans le bureau de piste de la Montagne Noire. Passerieux, Aubriot et le Dr Granel sont là, s'entretenant d'un malaise du Chef de Centre, tout récemment admis à la clinique à Castres. Louis Passerieux prend l'écouteur et pâlit ... René Rémande, titulaire de l'insigne de diamant, de la Médaille de l'Aéronautique, de plus de 11.000 heures de vol, est mort. D'un éclair de sa faux, la Camarde a tranché net le fil de précieux jours. Le silence et la douleur pèsent à nouveau sur le Centre mais pour faire place à la volonté de réagir. Le trait dominant de l'année 1973 sera, pour le Centre National, d'atteindre le nombre d'heures de vol le plus élevé de son existence. Soulignons l'arrivée à la Montagne Noire, fin juin, d'un nouveau chef de Centre, au prestigieux passé aéronautique : René Hersen. alors que les frères De Ligondès "profitaient du fait qu'on les confondait" l'un avec l'autre. de la distanceLe 8 mai 1974, Louis Passerieux est le premier à réussir au Centre l'épreuve d'un aller-retour en planeur de 500km avec but précisé à l'avance : aux commandes du "Nimbus D.B. 52", il va de la Montagne Noire à Nontron et revient, après avoir franchi sur la carte 520 km. L'une des filles d'un stage de 1975 montre le sérieux de sa pensée, qui écrit : "Je ne suis pas une minette, je suis pilote" sous sa belle photo dans le livre d'Or. Le mois de juillet 1976 est favorable aux distances. Le 23, Le moniteur Gilbert Régnier et deux élèves, A. Mathieu et J. Minina, chacun dans un Cirrus, décollent du Centre et vont virer à Nontron. Seul Mathieu rentre à la Montagne avec sa "pointe de diamant" : il est le premier élève ayant effectué un "500 B.F."
Championnat du mondeSollicités en vue de la préparation du 16ème Championnat du Monde de Vol à Voile, par le S.F.A.C.T. et par un comité de la F.F.V.V. comprenant MM Battarel, Lerat, du Manoir, de la Martinière et le Colonel Juillot, les Ateliers de la Montagne Noire effectuent sur place un important travail de plusieurs mois, puis une équipe dirigée par Jacques Aubriot et formée de Pierre Jalbaud, Jean-Claude Marty et André Pinel se rend en juillet 1978 à Châteauroux-Déols avec voitures et camions chargés de tous les matériels préparés, pour leur mise en place jusqu'au 14 juillet. Ce après quoi, l'équipe a fonctionné en soutien opérationnel lors du déroulement des épreuves du championnat, du 15 au 30 juillet. Ont aussi participé à l'action : le Chef de Centre R. Hersen, les moniteurs Faix, Henrion, Michel, Prat, Régnier, Romain et les mécaniciens Kollisch et Ramon. le crépuscule du centre NationalLe 283ème stage, en septembre 1979, est ainsi défini par ses 9 participants (président Kete, Coffinières, Clé-Ortega, Mlle Diquelou, Février, Guillot, Poisson, Mme Szychowiak, Szychowiak) : "Danger, Centre de Vol à Voile éjectable." Ejectable ? Ejecté. Car en fait, ce stage sera le dernier de ceux du Centre National de Vol à Voile de la Montagne Noire. L'ultime registre des vols se referme : vol à voile : 2.777 h, vol à moteur : 1.028 h, soit un total de 3.805 heures de vol accomplies en 1979 par le personnel navigant et 195 stagiaires. S'il ne s'est pas avéré possible de connaître le nombre d'heures de vol effectuées avant la guerre de 1939-1945 par les pionniers, puis par les vélivoles du Centre Régional, par contre, grâce à un relevé rigoureux de Charles Boissonade, on sait que de 1941 (année de son démarrage) à 1979 (année de sa suppression), le Centre National de la Montagne Noire a réalisé : en vol à voile : 204.383 h 06 mn et en vol moteur : 45.905 h 26 mn, soit un total de 250.288 h 32 mn en 38 années soit en moyenne 6.587 heures. le renouveaules années 1980, 81 et 82 virent se dérouler quelques stages et manifestations, sur la plateforme, organisés par différents clubs et instances. la Montagne Noire continueLe 30 septembre 1982, le Recteur Chalin, chargé de mission par l'Education Nationale, présente un projet de relance du vol à voile à la Montagne Noire. La Montagne Noire CONTINUE. Elle continue par l'effet d'un acte de foi collectif, aux origines duquel se situe un concours de circonstances opportun, né du fait que le Président de l'aéro-club de revel dépend, à la Montagne Noire, du ministère de l'Education Nationale. A cet homme remarquable, Maurice Delpouys a pu dire : aux heures sombres, G.R. Camiliéri, "vous avez quitté le sahara pour rejoindre Carthagène sans escale puis, toujours sans escale, Carthagène à Perpignan puis Bordeaux, à bord d'un Jodel-112 que vous aviez entièrement construit vous-même (...). Le Centre est maintenant ouvert à tous (...). C'est une lourde charge, qui vous prend tout votre temps mais à laquelle vous vous dévouez corps et âme, avec l'appui attentionné de Madame Camiliéri qui partage avec élégance vos soucis et vos responsabilités".
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